Le Château Cannibale, de Laurent Genefort

A Karnab, cité phagocytée par un château en perpétuelle développement, Alaet est un jeune voleur indépendant et surtout très imbu de sa personne, n'hésitant pas à s'octroyer des qualificatifs ronflants. Mais lorsqu'il se fait prendre par la Guilde des Larrons, l'alternative est simple : il conserve la vie sauve s'il accepte de jouer l'esclave afin de pénétrer dans le château. Et découvrir ce qui s'y passe...

illustration de J.J. Chaubin
Dérogeant à mes habitudes d'adepte forcené de la procrastination, j'ai décidé de vous parler sans trop tarder de ma toute dernière lecture en date. Ce roman de Laurent Genefort est paru, pour la première fois, dans la collection Abysse. Une autre version existe, qui a été publiée en 2006 sous le titre d'Alaet l'insouciant (Octobre). 

Ce premier titre des Chroniques de Wethrïn nous présente un héros fort sympathique - quoique pas toujours adepte de l'altruisme et du don de soi - Alaet. Un voleur de haut vol en prise avec une Guilde des Larrons dans une ville tentaculaire, cela m'a bien sûr fait penser au célèbre héros de Fritz Leiber, le Souricier Gris. A qui il manquerait un compagnon de grande taille du nom de Fafhrd, bien sûr ! Visiblement, la référence de ce roman est plutôt Serge Brussolo (c'est l'auteur himself qui me l'a dit, alors...), mais comme je n'ai jamais lu cet auteur (oui, je sais, c'est mal), je ne pourrais pas approfondir cette idée.

Néanmoins, j'ai trouvé que le personnage le plus remarquable décrit dans ce court roman est celui du château lui-même. Quand Alaet se retrouve dans ses entrailles, on a vraiment l'impression de le voir dans un être vivant, tant les références à l'organique, au viscéral même, sont bien trouvées. D'autant que le labyrinthe que constitue le château continue son incroyable croissance, à la manière d'un cancer. Très souvent le lecteur pourrait se perdre, à l'instar d'Alaet, dans les méandres de couloirs et de salles s'il n'y avait cette écriture qui fait mouche. D'accord, le style de Laurent Genefort n'est pas aussi impressionnant que dans les précédents romans que j'ai lus de lui (comme Omale, pour ne citer qu'un seul exemple), mais il est tout de même très précis. C'est splendide.

A présent vient une question qui me taraude depuis que j'ai reposé ce roman après la dernière ligne lue. A qui est-il destiné ? A un public jeunesse, à n'en pas douter... Oui, mais quel âge ? Parce que certaines scènes de violence et les propos tenus seraient susceptibles de choquer des lecteurs trop jeunes, on ne pourrait leur mettre ce roman entre les mains ? Oui, certes, mais on ne peut parler de l'esclavage en évoquant les Bisounours... Alors, je vais tenter une expérience : je vais proposer ce livre à ma fille de 10 ans et, après sa lecture, en parler avec elle. Ainsi pourrais-je voir ce qu'il ressortira de sa lecture : répulsion ou adhésion ? M'est avis que ce sera plutôt la deuxième solution...

Chroniques de Wethrïn : Le Château Cannibale, édition Librairie des Champs-Elysées, collection Abysse, 192 pages, octobre 1998

note : III

A.C. de Haenne




Commentaires

  1. Originale, cette idée d’un chateau cannibale… Me laisserais bien tenter à l’occasion !

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    1. Oui, un très bon bouquin, aussi court que dense !

      A.C.

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